Traducteurs : comment mieux vivre le confinement
La France tente de freiner l’épidémie de coronavirus avec un confinement d’au moins 15 jours. Le peuple italien vit, quant à lui, confiné depuis début mars déjà. Comment nos collègues traducteurs vivent-ils ce confinement en Italie ? Quelle influence l’épidémie de Covid-19 a-t-elle sur leur activité ? Que nous conseillent-ils pour mieux vivre cette période difficile ?
Pour en savoir plus, j’ai demandé à plusieurs traducteurs et traductrices en Italie de me parler de leur expériences. Annabelle et Angelica ont accepté. Voici leurs témoignages :
Annabelle Peretti : traductrice française en Sardaigne
Quarantaine quand tu nous (re)tiens
Journal de bord : jeudi 19 mars 2020, jour 11 de quarantaine : les dialogues intérieurs à voix haute sont de plus en plus courants, la télé reste beaucoup plus éteinte pour éviter, car entendre pour la millième fois les règles à suivre devient vraiment lassant, et la nature regagne du terrain comme en témoignent des vidéos sur les réseaux sociaux affichant des chevaux se promenant dans les rues, un sanglier surpris de pouvoir vagabonder dans les rues désertes de Sassari et des dauphins au port de Cagliari interagissant avec l’équipage de l’embarcation Luna Rossa, profitant de l’absence de ferrys.
Balayer la négativité
Française originaire du Pas-de-Calais, je m’appelle Annabelle Peretti et je vis depuis 2009 en Sardaigne, Italie, une magnifique île bordée par la Mer méditerranée. Traductrice et interprète freelance de l’anglais et italien vers le français, et déjà pro en gestion travail-maison depuis le début de ma carrière en 2015, le confinement n’affecte pas mes habitudes, mais plutôt la quantité de travail que je reçois journalièrement.
De tous mes secteurs de spécialisation, les contenus que je traduis le plus dernièrement sont des jeux d’argent et des films érotiques/pornos (pour vous donner une idée des habitudes qui se développent chez les personnes confinées).
Alors, pour balayer la négativité et surmonter cette peur du « que se passera-t-il demain ? », je profite de ce temps supplémentaire pour :
- Finir mon site web annabelleperetti.com (que vous pouvez d’ores et déjà visiter, bien que toujours en cours de modifications)
- Suivre enfin ces fameux cours achetés sur Udemy visant à booster ma carrière et améliorer mes compétences
- Mettre à jour mon CV
- Profiter un peu plus des fonctions de Linkedin
- Me remettre à étudier pour enfin passer mon permis de bateau
- Faire du sport et respecter mon régime alimentaire
Nous bénéficions d’un temps incroyable à disposition, il est donc très important de garder à l’esprit que c’est peut-être notre chance de changer nos habitudes, et de renouer avec nous-mêmes pendant cette quarantaine.
Les 10 conseils d’Annabelle
#1 Aménagez votre balcon pour y prendre le petit-déjeuner le matin ou même travailler, et profiter du magnifique soleil de cette saison, la météo vous le permettant
#2 Lisez ces livres que vous vous étiez promis un jour de lire.
#3 Renforcez les rapports avec vos proches et amis grâce à la technologie d’internet.
#4 Si vous êtes un accroc de jeux de société entre amis, passez dorénavant aux versions en ligne, à l’abri du virus !
#5 Profitez des nombreux services numériques (formations en ligne, e-books gratuits, abonnements gratuits sur des sites de streaming) mis à disposition gratuitement par de nombreuses sociétés.
#6 Occupez-vous de toutes ces tâches inscrites sur une liste que vous n’avez jamais pu barrer, faute de temps, tel que ranger cette chambre submergée d’objets variés, vos documents, tenter cette recette, etc.
#7 Enrichissez-vous culturellement et pas uniquement professionnellement : visitez par exemple virtuellement les sites de l’UNESCO, le Louvre et bien d’autres sites qui ont ouvert leurs portes numériques. Prix du billet ? Gratuit et zéro file d’attente !
#8 Apprenez de nouvelles compétences et laissez libre cours à vos passions enfouies.
#9 Imposez-vous un rythme si vous travaillez de chez vous.
#10 Participez aux initiatives lancées sur les réseaux sociaux, flash mob sur les balcons, dons du sang, collecte de fonds en faveur des hôpitaux, et aidez-vous les uns les autres si vous vivez dans un immeuble.
Vivons chaque jour comme s’il était le dernier
À ce jour (le 19 mars), nous recensons en Sardaigne 134 cas positifs sur 28 710 au niveau national, aucun guéri et uniquement 2 décès. Nous sommes donc bien loin des conséquences apocalyptiques du virus sur la région lombarde.
Initialement prévue jusqu’au 3 avril, on nous annonce aujourd’hui que la quarantaine pourrait se prolonger davantage. Comme vous le savez, l’Italie est le deuxième pays le plus touché par l’infection et a dépassé le nombre de décès enregistrés par rapport à la Chine.
Le futur étant aujourd’hui une incertitude, vivons chaque instant présent comme s’il était le dernier, profitons de ce temps pour apporter notre contribution à l’humanité, relier avec nous-mêmes, car ces moments sont inestimables. Bientôt, nous nous réveillerons de ce terrible cauchemar, si ensemble, nous respectons les règles du confinement. #celafaremo #iorestoacasa
Angelica Coda : traductrice italienne à Trieste
Angelica Coda est interprète et traductrice. Elle effectue des traductions du russe et de l’anglais vers l’italien. La jeune femme vit à Trieste et traduit essentiellement pour l’industrie pharmaceutique, pour des organisations internationales ainsi que dans le domaine de l’ingénierie. Comme elle ne travaille pas avec le français, elle a préféré répondre en anglais.
Des missions d’interprétariat annulées
One would think that a lockdown wouldn’t have much of an impact on the work of translators. Don’t we normally work from home anyway?
Well, not quite. For a start, those of us who also work as interpreters, as I do, have had lots of jobs cancelled since the outbreak began. And it might be a long time before those jobs are back.
Also, since schools were closed some of us have had to share their office space with little, unruly coworkers. I have a 2-year-old girl and when her nursery was closed at the end of February, I thought it would only be for a week or two, so I didn’t plan for the long term – BIG mistake. Schools now look increasingly likely to stay closed throughout April.
De moins en moins de projets de traduction
Working from home is nothing new for me but doing so with a toddler around is. I managed to hire a babysitter for one week (five days of full-time work!) but she stopped coming when the country went on full lockdown. Since then, I’ve been working when my girl naps and alternating shifts with my partner – but translation jobs have been coming at a trickle anyway, as more and more clients are being affected by the crisis.
Even when I have the time to work, I am finding it hard to focus and I am much slower. And something else has become much slower as well – my formerly-high-speed Internet connection, now overloaded and unreliable.
Se soutenir mutuellement
After the first few days of sheer panic, I’ve tried to pull myself together and get used to a new routine with reduced working hours and more time for other things, like playing, cooking and baking. It’s far from ideal, but I’m trying to be practical – under the current conditions I simply can’t work as I did before, so I have to make do with what I can manage. Luckily, I have a few invoices due in April and savings that should be enough to weather the storm.
We are all going through the same thing, so the best we can do as a community of professionals is trying to help each other out: if you have more work than you can handle, try to pass it on to someone else; if you have time to spare, let your colleagues know.
I’m also trying to plan ahead. The lockdown will not last forever. Business is slow now, but it will pick up eventually, and companies will probably be working overtime during the summer months to catch up – so the only thing I can do is adapt my plans accordingly. Summer holidays will have to be moved or cancelled, but that’s a small price to pay.
This crisis is putting a psychological strain on all of us. We are all being affected, and talking to colleagues, sharing tips and ideas, or just having a chat can help us feel a little better. So, if you need support, reach out to other translators – we are all in this together!
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Photos : © Annabelle Peretti, Angelica Coda, Andrea Halbritter